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La Parabole du Riche insensé
La Parabole du Riche insensé 23ème dimanche après la Pentecôte Chers frères et sœurs, l’archiprêtre Alexis Ouminsky, bien connu à Moscou, est venu récemment en visite chez nous et a rencontré nos paroissiens. Nous proposons à votre attention son homélie sur la parabole du Riche insensé (Luc 12, 16-21) du 23e dimanche après la Pentecôte.
L’Évangile d’aujourd’hui nous parle d’un homme riche dont les terres avaient beaucoup rapporté. Il se demandait en lui-même : « Que vais-je faire ? Car je n’ai pas de quoi recueillir ma récolte. Voici ce que je vais faire : j’abattrai mes greniers, j’en construirai de plus grands, j’y recueillerai tout mon blé et mes biens, et je dirai à mon âme : « Mon âme, tu as quantité de biens en réserve pour de nombreuses années : repose-toi, mange, bois, fais la fête. » Mais Dieu lui dit : « Insensé, cette nuit-même on va te redemander ton âme. Et ce que tu as amassé, qui l’aura ? » Ainsi en est-il de celui qui thésaurise pour lui-même, au lieu de s’enrichir en vue de Dieu.
Voilà un Évangile dans lequel est décrite une situation tout à fait habituelle pour chacun d’entre nous, quand notre vie se présente bien et est prospère. C’est-à-dire que l’Évangile décrit précisément cette situation dont rêve la majorité des gens, et c’est précisément ainsi qu’ils veulent organiser leur vie. Que ce serait bien, si nous étions dans la même situation que ce riche… et enfin, si nous étions plus riches nous aussi… si tout allait de mieux en mieux : alors nous pourrions dire à notre âme les mêmes mots qui sont le slogan du monde contemporain : « Mon âme, repose-toi, mange, bois, fais la fête. » À vrai dire, que faut-il de plus à l’homme ? C’est précisément cela qu’il faut, sans doute. C’est précisément ce que les gens cherchent à réaliser : que tout autour soit bien, que la maison soit « une coupe pleine » et même « une coupe débordante », pour que l’on puisse tranquillement regarder autour de soi et dire : « Comme tout se présente bien ! Gloire à Toi, Seigneur ! Je Te remercie, Seigneur, parce que je suis si prospère, ma fortune s’accroît, enfin je peux me reposer, manger, boire et faire la fête. » L’homme a été créé par le Seigneur à partir de deux éléments, à partir de deux natures, à partir du Ciel et de la terre. Il semblerait que nous ayons autant de céleste que de terrestre. De plus, cet élément céleste que le Seigneur a mis en nous, c’est l’esprit de Sa vie, de la vie éternelle. Et ce qui est terrestre, c’est simplement la poussière de la terre, sans valeur, qui ne représente rien de particulier. Mais il se révèle qu’accéder au Ciel est infiniment difficile, et que rester collé à la terre est très facile. L’homme a tout le temps envie de rester collé à la terre. Il lui semble très important et indispensable de s’installer ici sur terre, pour longtemps et pour toujours, afin que précisément ce monde, visible, saisissable, compréhensible, devienne un monde commode, magnifique, et il ne faut rien d’autre. Comme on est bien quand on a tout, quand on baigne dans le bien-être, quand on a une santé solide, quand tout s’arrange bien pour nous selon les lois de ce monde. Mais le Seigneur dit au riche qui ne s’y attend pas : « Insensé, on peut te retirer ton âme à n’importe quel moment. » Ce riche n’a rien fait de mal, tout chez lui est arrivé naturellement, il a fait une bonne récolte. Il semblerait… comment aurait-il dû agir autrement ? Et nous, comment devons-nous agir autrement ? Et quand le Seigneur dit que c’est une conduite insensée, ce n’est pas la vérité, ce ne sont pas ces lois selon lesquelles l’homme doit vivre, ces mots-là nous effrayent. Ils nous effrayent parce que nous n’avons pas l’habitude de vivre autrement. Marcher dans la voie du Salut est pour chacun d’entre nous souhaitable, car nous savons que le Seigneur est bon, qu’Il a préparé pour ceux qui L’aiment ce que l’œil n’a pas vu, que l’oreille n’a pas entendu, qui n’est pas monté au cœur de l’homme, c’est là ce que nous dit l’apôtre Paul (1Cor 2,9). Et quand nous lisons l’Évangile, nous rencontrons des pages et des paroles qui illuminent et réchauffent notre cœur en nous montrant que notre vrai trésor n’est pas ici sur la terre, mais là où est le Seigneur, là où Il appelle, et nous persuade de chercher d’abord le Royaume des Cieux et Sa vérité et tout le reste nous sera donné par surcroît. Mais tendre vers les cieux nous est infiniment difficile. Notre nature nous force de toute façon à vivre comme le riche de l’Évangile et à appeler « notre bien » non pas les richesses spirituelles, mais les biens matériels. « J’ai quantité de biens » dit-il de cette richesse périssable. Or l’Évangile d’aujourd’hui essaie justement de nous forcer à regarder vers le Ciel, à apprécier notre vie, afin que chacun comprenne en quoi consiste notre richesse, ce qui pour nous est véritablement le bien, où et pourquoi nous vivons. Nous venons à l’église comme au Ciel qui est organisé sur la terre comme le lieu où le Seigneur distribue Ses dons et Ses richesses. Et tout d’abord Il Se donne dans le sacrement de la Communion à Son Corps et à Son Sang. Est-ce vers cette richesse que nous tendons ? Est–ce en vue de ce bien que nous nous préparons à chaque Liturgie, quand nous venons à l’église ? Est-ce de cela que notre âme est véritablement assoiffée ? Ou venons-nous simplement pour payer son dû à Dieu et ensuite retourner dans ce monde qui nous attend, que nous aimons, et dans lequel nous voulons nous reposer, manger, boire, faire la fête et oublier qu’aujourd’hui, le Seigneur nous invitait à communier à Ses Saints Mystères, qu’Il nous disait : « Prenez, mangez, ceci est Mon Corps. Buvez-en tous, Ceci est Mon Sang.» C’est pour nous une question très importante, et c’est pourquoi, quand nous venons à la Divine Liturgie, quand nous nous tenons dans l’église, le Seigneur nous donne le bien véritable, Il Se donne Lui-même à nous. Combien souvent nous ne saisissons pas ce bien, combien souvent nous ne le voulons pas, nous ne le recevons pas, nous nous en détournons. Et bien sûr, seuls les insensés peuvent agir ainsi, les véritables insensés, parce que le Seigneur Se donne à nous alors que nous cherchons autre chose. Que notre saint Évangile, que nous entendons à l’église, nous illumine, nous fasse comprendre et nous apprenne à chercher d’abord le Royaume des Cieux et Sa vérité. Amen. Date de création : 08/12/2013 @ 09:22
Dernière modification : 08/12/2013 @ 09:22
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