Archiprêtre Léonide Grilikhès

6 ème Dimanche après Pâques. Homélie pour le Dimanche de l’Aveugle-né

Chers frères et sœurs,
Aujourd'hui dans l'Évangile, il nous est raconté comment le Seigneur, passant avec ses disciples, rencontre un homme aveugle de naissance. Et Ses disciples posent au Sauveur la question : pourquoi cet homme est-il né aveugle ? Qui est coupable, lui-même ? Ou est-ce une punition pour les péchés de ses parents ?
Et le Seigneur répond que personne n’est coupable, ni lui, ni ses parents, mais c’est pour qu’en lui soient manifestées les œuvres de Dieu.
 
On peut dire cela de chacun d’entre nous : chacun vient dans ce monde pour que s’impriment en lui les hauts faits de Dieu. L’homme naît d’un père et d’une mère, il est chair et sang, mais ce n’est pas tout : car il est appelé à se rapprocher de Dieu, à s’ouvrir devant Lui, pour Ses œuvres étonnantes, et pour être illuminé d’en-Haut. L’homme est une créature terrestre, mais Dieu lui-même élargit nos limites et nous donne de voir le céleste : la grâce vivifiante de Son Esprit céleste.
 
Le début du livre de la Genèse nous raconte la création du monde. Tout le vivant qui remplit ce monde a la capacité de se multiplier. La verdure est apparue, et l’herbe portant semence selon leur espèce. Et ensuite les arbres avec leurs fruits qui, eux aussi, portent semence selon leur espèce. Ensuite apparaissent les poissons, les oiseaux, les reptiles, les animaux et tous sont créés selon leur espèce. Avec une insistance constante et monotone, il est répété que tout cela porte semence, selon son espèce. La semence contient et définit tout le programme de développement. Et de ce donné intégral, rien ne peut s’écarter, ni à gauche ni à droite.
 
 
L'homme est le seul dont il n'est pas dit qu'il est créé selon son espèce. Mais au contraire, nous entendons des paroles absolument étonnantes : Dieu a créé l’homme à Son image, à l’image de Dieu il a été créé. Non pas selon son espèce, mais à l’image de Dieu lui-même. Ce n’est pas le caractère limité des signes de la race, mais la profondeur inépuisable de la ressemblance de Dieu. Voilà cette liberté, voilà cet espace infini qui s’est ouvert pour Adam. Parce que l’homme et la nature humaine ne sont pas une seule et même chose. La semence de l’homme ne définit pas intégralement l’homme tout entier. L’homme, c’est une personnalité, l’individu qui est nettement supérieur à la réplique de la race.
 
 
Cette personnalité se forme dans le contact avec ses parents, ses amis, ses éducateurs, ses enseignants. Mais surtout, l’homme est ouvert aussi au dialogue avec Dieu et dans ce dialogue il peut acquérir des traits de Dieu. Comme le maître transmet à son disciple toute sa connaissance et toute son expérience, de même Dieu est prêt à nous initier à Lui-même tout entier. « Tout ce qui est à moi est à toi » dit dans la parabole le père au fils prodigue. « Tout ce qui est à Moi est à toi » nous dit le Seigneur. Et Il est prêt à nous confier ce qui est à Lui, si nous pouvons Lui prouver, par nos œuvres, par notre prière et notre confession, que nous, les habitants de la terre, nous n’oublions pas le ciel et nous ne cessons pas de rêver du ciel, que nous qui sommes créés, nous mettons plus haut que tout Ses dons incréés de l’Esprit, que nous, nés de la chair et du sang, nés « du désir d’un homme », nous souhaiterions par-dessus tout acquérir une patrie spirituelle. Demandons que sur nous qui sommes nés aveugles (aveugles aux objets du monde spirituel) le Seigneur accomplisse les œuvres de Son amour de l’homme, et illumine notre être par la lumière très douce de Sa bonté divine.