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THEOPHANIE
Archiprêtre Léonide Grilikhès
THEOPHANIE Chers frères et sœurs, Aujourd’hui nous fêtons le Baptême du Seigneur. Cette fête et la lecture évangélique tournent de nouveau notre regard vers le désert de Judée, vers le Jourdain. Nous voyons la figure de Jean-Baptiste et autour de lui des foules de gens qui sont venus se laver de leurs péchés. L’Évangéliste Luc dit que parmi ces gens il y avait aussi des publicains et des soldats c’est-à-dire ceux qui étaient détestés et méprisés par tout le peuple parce qu’ils collaboraient avec l’occupant romain. Les pharisiens refusaient de les appeler descendants d’Abraham et considéraient qu’ils ne pouvaient même pas communiquer avec Dieu. Et dans cette foule Jésus apparaît. Jean, par la Parole de Dieu, reconnaît en lui le Messie. Il ne comprend pas pourquoi le Messie devrait se laver de ses péchés. Ce n’est pas moi mais toi qui dois me laver dit Jean à Jésus. Mais le Seigneur lui répond : laisse faire pour l’instant : car c’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir toute justice (Mt 3, 13-15). Le Seigneur apparaît dans la foule des pécheurs pour accomplir la justice. Mais il se révèle que sa justice ne consiste pas à juger et punir ces gens, mais avec eux, à s’immerger dans les eaux, dans les eaux alourdies par les péchés des hommes. Les gens sont venus au Jourdain pour se purifier de leurs péchés. Mais le Seigneur est sans péché. Quand aujourd’hui le Baptême s’accomplit dans l’Église, alors la personne, dans l’Esprit, reçoit le don béni de la vie divine. Mais le Seigneur possède toute la plénitude de la divinité. Alors, qu’est-ce qu’un tel Baptême pour le Seigneur ? Avant de répondre à cette question, je voudrais vous rappeler deux épisodes de l’histoire évangélique. Le premier, c’est quand le Seigneur prie avec Ses disciples à Gethsémani, et arrive un détachement de soldats pour l’arrêter. Pierre sort son épée, mais le Seigneur lui dit de la cacher dans le fourreau : penses-tu donc que Je ne puisse maintenant prier Mon Père qui M’enverrait plus de douze légions d’anges ? (Mt 26, 51-53). Et un autre épisode. Le Seigneur et les apôtres se dirigent vers Jérusalem. Leur chemin passe par la Samarie et le Seigneur envoie Ses disciples devant Lui et « ils sont entrés dans un village samaritain pour tout Lui préparer, mais là on ne Le reçut pas ». Les Samaritains n’ont pas voulu offrir le gîte au Sauveur et les apôtres Jean et Jacques Lui disent : Seigneur, veux-Tu que nous ordonnions au feu de descendre du ciel et de les consumer ? Le Seigneur le leur interdit et dit : vous ne savez pas de quel esprit vous êtes animés (Lc 9, 51-55). Nous voyons que le Seigneur refuse continuellement d’agir par la force. Il refuse d’agir par la puissance de Sa divinité. Il dit : tout pouvoir M’a été donné au ciel et sur la terre (Mt 28,18). Mais Il Se dépouille toujours de ce pouvoir dans toutes les circonstances où une réaction humaine habituelle incite à s’opposer. Et c’est précisément ce que nous voyons lors du Baptême du Seigneur au Jourdain. Il incline la tête devant l’homme. Dieu s’incline devant l’homme, devant Jean, et s’immerge dans les eaux assombries par les péchés humains. Il enlève Son vêtement et Il Se dénude devant la force destructrice du péché humain. Mais le péché, c’est la méchanceté, l’envie, la haine, l’hostilité, la trahison, le mensonge, la joie mauvaise etc. etc. Et quand l’homme est sans défense devant toute cette méchanceté du péché, alors le péché blesse l’homme. Jean, désignant le Sauveur, dit : Voici l’Agneau de Dieu qui prend sur Lui le péché du monde (Jn 1,29). Prendre sur soi le péché, cela signifie le laisser venir à soi, cela signifie permettre au mal du monde d’atteindre et de toucher ton corps et ton âme. Mais cette atteinte blesse le corps et se reflète dans la douleur et la peine de l’âme. Et nous voyons comment se termine le ministère du Seigneur : tout Son corps est couvert de plaies, tous Ses membres sont blessés, Ses bras, Ses jambes, Son côté, Sa tête, tout est défiguré par la torture. Sur la croix, tout Son corps est brisé et seul reste inchangé et non brisé Son amour pour l’homme. Malgré tout, Il continue à aimer l’homme, et même du haut de la Croix Il prie pour ses bourreaux. Et c’est cet amour qui rend obtus l’aiguillon de la méchanceté. Ce n’est pas par l’épée, mais c’est par la flamme de Son amour immuable toujours fidèle qu’Il affronte le péché et qu’Il le consume. Voilà pourquoi le prophète Isaïe s’exclame : par Ses blessures nous avons tous été guéris. Voilà pourquoi nous disons que sur la croix, le Seigneur a vaincu le péché. Mais Son premier pas sur cette voie salvatrice pour le monde, le Seigneur le fait au Jourdain, lorsqu’il S’incline devant l’homme et qu’il Se dénude pour Se plonger dans l’abîme du péché de l’homme. Date de création : 16/02/2016 @ 12:00
Dernière modification : 16/02/2016 @ 12:00
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