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1. LE GRAND CANON DE SAINT ANDRE DE CRÈTE
INTRODUCTION La poésie liturgique byzantine s’est développée tout au long de l’histoire millénaire de l’Église indivise et un peu au-delà. Cette poésie prit naissance dans les pays de langue syriaque, autour des métropoles d’Antioche et d’Édesse. C’est au sixième siècle que la création poétique en langue grecque prit un essor particulier avec les kondakia de saint Roman le Mélode ; les hymnes de saint Jean Damascène leur succédèrent au siècle suivant. À la fin du septième siècle apparaît une nouvelle forme de poème liturgique, sans doute moins bien construite que les compositions précédentes mais dont le contenu théologique est plus directement parlant : le " Canon poétique ". Le Canon se présente comme un long texte prenant la forme de neuf hymnes (odes), paraphrasant plus ou moins le texte des neuf cantiques scripturaires qui sont d’ordinaire chantés à l’office du matin (orthros byzantin). À l’origine les strophes du canon (appelées tropaires) étaient intercalées entre les versets des cantiques, mais très rapidement l’habitude se prit d’omettre ces versets au profit du canon lui-même, seule la première strophe, appelée hirmos (du grec, " allusion, mention, convention "), réfère directement au texte du cantique. L’hirmos, dans la langue originale, sert de modèle métrique à tout l’ensemble de l’ode. Dans la présente version du Grand Canon de saint André de Crète, les références aux cantiques se trouvent au début de chaque ode. Les odes du canon se terminent par une strophe particulière nommée doxastichon, une louange à la sainte Trinité.
SAINT ANDRÉ DE CRÈTE
Né à Damas vers 660 d’une famille syrienne, saint André fit de très bonnes études, devint moine à Jérusalem et secrétaire du patriarche Théodore. En 685 il se rendit à Constantinople pour confirmer au nom de son patriarche les décisions du sixième Concile Oecuménique (contre les monothélites). Il fut ordonné diacre à Constantinople et chargé de l’administration d’un orphelinat et d’une maison de vieillards. En 700 il fut consacré archevêque de Gortyne (actuellement Khania, en français : La Canée), capitale de la Crète. Il construisit des églises, et s’intéressa particulièrement à l’éducation des enfants et des adolescents. En 712, sous la pression de l’empereur Philippikos Bardanès, il accepta de souscrire à une définition monothélite d’un synode réuni par ce souverain. Il se reprit vite toutefois, et sut faire front contre le pouvoir impérial lorsque éclata la crise iconoclaste. Saint André mourut dans l’île de Mytilène le 4 juillet 740 au retour d’un voyage à Constantinople. On lui doit une cinquantaine d’homélies, dont plusieurs sont consacrées à la Mère de Dieu, témoins importants de la mariologie byzantine. Il est surtout connu pour être l’initiateur du "Canon poétique", genre de poésie liturgique en usage depuis dans la liturgie orientale. Le Grand Canon dit "de Saint André", qui est récité intégralement pendant le Carême, lui a probablement été inspiré par le remords qu’il eut d’avoir souscrit par faiblesse aux définitions hérétiques dont nous avons parlé plus haut. Il est l’auteur d’une soixantaine d’autres canons. Ses oeuvres furent traduites en latin et éditées en Occident dès 1644 (textes bilingues grec-latin). L’Église célèbre sa mémoire le 4 juillet. USAGE LITURGIQUE Dans le rite byzantin, le Grand Canon a été recueilli dans le Livre du Triode, ensemble des offices du Grand Carême. Il est récité à l’office des Grandes Complies les lundi, mardi, mercredi et jeudi de la première semaine de Carême, à raison d’un quart du texte environ par jour. Il est repris intégralement aux matines du jeudi de la cinquième semaine. Le texte présenté dans le site est la traduction des moines orthodoxes de l’Abbaye Saint-Michel de Bois-Aubry, effectuée en 1992. Cette traduction utilise comme source le texte grec en usage dans l’Église de Constantinople et édité à Athènes en 1953. Cette version signale les principales références bibliques ; les lecteurs avertis en découvriront d’autres qui ne sont pas signalées, en particulier les nombreuses paraphrases psalmiques. L’édition du Grand Canon de l’Abbaye Saint-Michel de Bois-Aubry tient compte du découpage original du texte en Odes par l’auteur. La présente publication est divisée en quatre parties pour usage aux offices des Grandes Complies de la première semaine du Carême, tout en gardent la numérotation des strophes de l’édition de Bois-Aubry. Pour compléter l’usage du Grand Canon aux Grandes Complies, les louanges mariales et les invocations à saint André de Crète qui terminent chaque ode, ainsi que les invocations à sainte Marie l’Égyptienne, de même que certains louanges trinitaires, ont été ajoutées au texte du Grand Canon. Ces strophes sont tirés du Triode de Carême, tome 1 (Collège Grec de Rome, 1978).
Le commun de l’office des Grandes Complies se trouve dans le Grand livre d’heures (Diaconie Apostolique, Rome, 1989) | Recherche
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